DE HENRI III. [l578]                            165
Le 20 mars, la Reine revint d'Angers à Paris, fort mécontente de ce que Bussy vint trois lieuës au-devant d'elle hors la ville d'Angers, et après lui La Chastre, une lieuë; et leur demandant étoit son fils, lui firent réponse qu'il se trouvoit mal; et quand elle répliqua s'ils le tenoient prisonnier, puisqu'il ne venoit au-devant d'elle, lui dirent en riant que non, mais qu'il ne se pouvoit soutenir. Arrivée à Angers, elle ne voulut aller au château, La Chastre et Bussy la vouloient mener, leur disant qu'ils l'y pourroient retenir prison­niere comme son fils; et alla loger ailleurs en la ville. Et un jour après, voyant que Monsieur ne faisoit compte de venir vers elle, elle Palla trouver au châ­teau, où on la fit passer par un guichet : ce qu'elle trouva fort mauvais, et dit que c'étoit la premiere fois qu'on lui avoit fait passer le guichet ; et Monsieur se fit descendre du château dans une chaise à bras, fai­sant semblant de s'être démis une jambe, et se fit porter de cette façon au - devant d'elle à la porte du château.
Le Roy alloit pendant le carême, deux ou trois fois la semaine, faire collation aux bonnes maisons de Paris, et y dansoit jusqu'à minuit avec ses mignons fraisés et frisés, et avec les dames de la cour et les dames de la ville : entre les autres, chez la presidente Boullen-cour (0, il passoit souvent le tems avec mademoi­selle d'Assy, sa belle-fille.
Le samedy «24 mars, veille de Pâques,^ mourut à Paris le cardinal de Guise (a), qui étoit demeuré le
(-) La presidente BouUencour: Charlotte de Livre, femme de Nicolas L'Huillier, seigneur de Boullencoart, président en la chambre des comptes. — (*) Le] cardinal de Guise : Louis de Lorraine, cardinal' de
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